Comprendre l'immobilier

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03 juil. 2023
Immobilier : sur le littoral Ouest, le rallye continue
Alors que nombre de territoires voient les prix de l’immobilier ancien chuter en raison du contexte de hausse des taux, le littoral atlantique reste à des niveaux très élevés, hérités du contexte de crise sanitaire. Le risque lié au changement climatique et au recul du trait de côte reste, pour l’heure, sans impact sur cette solide dynamique.

Malgré l’aléa climatique et économique, le marché du littoral atlantique continue à séduire les acquéreurs. De la Côte Basque à la Bretagne en passant par les Landes, les Charentes et les Pays de la Loire, « la demande ne faiblit pas du fait de la spécificité même des candidats à la propriété dans ces secteurs », souligne Loïc Cantin, président de la FNAIM : « L'immobilier en bord de mer est principalement un marché de résidences secondaires alimenté par une clientèle d'inactifs. Or, la génération des baby-boomers arrive progressivement à la retraite. Ce qui entretient mécaniquement ce réservoir d'acheteurs ». De plus, comme le rappelle Philippe Thomine-Desmazures, directeur de Barnes Côte Basque, « La question de l'emprunt se pose moins lors de ce type d'acquisition. Car, il s'agit souvent de particuliers déjà propriétaires qui procèdent généralement à une réallocation d'actifs. Autant dire qu'ils ne sont pas ou peu concernés par la problématique actuelle du durcissement des conditions d'accès au crédit ».  

La vue mer prime encore sur le recul du trait de côte  

Les stations du littoral Ouest continuent donc de surfer sur la vague des « achats plaisir », au mépris, du côté des acquéreurs, de certains paramètres pourtant susceptibles de tirer à la baisse la valeur de leur bien dans les prochaines années.  

« Dans certaines communes listées par décret et dont font notamment partie Quiberon, dans le Morbihan, ou encore l'Île-de-Bréhat dans les Côtes-d'Armor, la mise en place d'un nouveau plan local d'urbanisme pourra en effet entraîner la possible démolition des biens construits après l'entrée en vigueur de ce PLU dans le cas où la sécurité des personnes ne pourra plus être assurée au-delà d'une durée de trois ans », explique Mathilde Tersiguel, vice-présidente de la Chambre des notaires du Morbihan. 

Parmi ces stations balnéaires qui restent particulièrement attractives, c'est en Bretagne où le prix au mètre carré est le plus abordable (3 630 €), alors que, pourtant, c’est dans cette région qu'il a le plus augmenté en 1 an (+6,6 %). A contrario, c'est en Nouvelle-Aquitaine qu'il est le plus élevé (5 317 €), tout en affichant la hausse la plus modérée sur les 12 derniers mois (+3,6 %). Les Pays de la Loire s’intercalent entre les deux régions précédentes, avec un prix moyen au mètre carré de 4 528 €, en hausse de 6,2 % en 1 an. Selon Mathilde Tersiguel, les avant-contrats signés au premier trimestre 2023 ne démentent pas cette tendance haussière. « Dans le nord de la Loire-Atlantique, où l'on trouve notamment les villes de Pornichet et La Baule, les compromis de vente signés entre janvier et début avril font état d'une augmentation des prix de l'ordre de 1,3 %. Le constat est le même du côté du sud du Finistère, où le prix médian des maisons s'élevait il y a encore un an à 285 000 euros et pointe aujourd'hui à 350 000 euros ». 

De nombreuses villes encore accessibles 

A l’échelle de chacune de ces régions, les disparités tarifaires entre communes restent fortes. En Bretagne par exemple, si les logements à La Trinité-sur-Mer, l'Ile-aux-Moines ou l'Ile-de-Bréhat dépassent les 6 300 € le mètre carré (respectivement 6 825 €, 6 536 € et 6 383 €), ceux de Plounévez-Lochrist, Tréflez ou Pouldreuzic restent en deçà des 2 000 € le mètre carré (1 615 €, 1 831 € et 1 905 €). 

Cette réalité est plus prégnante encore en Nouvelle-Aquitaine : les trois villes les plus chères s’affichent au-delà de 9 000 € le mètre carré (9 103 € aux Portes-en-Ré, 9 319 € à Soorts-Hossegor et 12 841 € à Lège-Cap-Ferret). Soit 3 à 4 fois plus que les stations les moins chères de la région (1 838 € le mètre carré à Mortagne-sur-Gironde, 2 452 € à Marennes-Hiers-Brouage et 2 494 € à Port-des-Barques en Charente-Maritime). Même tendance en Pays de la Loire :  les 6 000 € du mètre carré sont dépassés à La Baule (6 447 €), effleurés à Noirmoutier (5 921 €) et l'Ile-d'Yeu (5 915 €), la barre des 2 900 € n'est pas franchie à L'Aiguillon-sur-Mer (2 421 €), Assérac (2 793 €) ou La Barre-de-Monts (2 833 €). 

Si le nom de ces villes balnéaires et le prestige associé jouent grandement dans les prix, « la qualité du bien aussi », pointe Eric Allouche, directeur exécutif du réseau ERA Immobilier, qui juge même que « les augmentations tarifaires observées sur le littoral atlantique depuis la crise sanitaire sont plus une question de produits que de zones. Même bien placés, les logements les plus ordinaires sont moins sensibles à ce phénomène haussier ». A Saint-Nazaire, un T2 de 47 m² sur le chemin côtier avec vue mer s'est récemment vendu 310 000 € quand, à la même période, une maison de 110 m² sans visibilité sur l'océan a changé de mains pour « seulement » 250 000 €. 

  

Source Les Echos / Reproduction interdite 

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