Comprendre l'immobilier

Besoin de connaître l’actualité immobilière ? D’un cours de rattrapage sur la dernière loi en vigueur ? Ou juste curieux sur un sujet précis ?

03 juil. 2023
Immobilier : Paris face à la tentation de rehausser ses immeubles
Dans un contexte de crise du logement et de pression croissante sur les sols, certaines villes françaises, telles que Lyon, Nice et Strasbourg, envisagent la surélévation des immeubles comme une solution prometteuse. Cependant, Paris se montre plus réticente à adopter cette approche. Petit point sur les raisons de cette hésitation et ce qu’implique la surélévation dans la capitale française.
L'idée de rehausser les bâtiments existants pour créer de nouveaux logements à Paris semble attrayante, grâce aux avantages que le processus représente : participer à résoudre la crise du logement, limiter l'artificialisation des sols conformément à l'engagement Zéro artificialisation nette (ZAN) d'ici 2050 pris par l'État en 2018, et favoriser la rénovation énergétique. De plus, pour les propriétaires ou copropriétaires parisiens, compte tenu du prix au mètre carré, l'opération représente une opportunité financière. On estime, en théorie, que 8% des 140 000 immeubles d’habitation pourraient répondre aux critères de surélévation. « Tout au plus 2 ou 3% en réalité, étant donné les contraintes budgétaires et les recours juridiques » selon Jacques Baudrier, adjoint (PCF) chargé de la transition écologique du bâti.  

Plusieurs métropoles françaises ont déjà mis en œuvre ou envisagent sérieusement la surélévation. À Lyon, le processus est déjà en cours. Nice et Strasbourg, malgré des orientations politiques divergentes, souhaitent également mettre en pratique les conclusions d'études commandées. Les estimations indiquent que plus de 16 000 bâtiments pourraient être concernés par la surélévation à Strasbourg, ce qui représente environ 10% du parc immobilier, tandis que Nice estime le gain potentiel à 3 650 logements. 
 
Pourquoi le processus freine à se développer à Paris ? La densité de Paris, ville la plus peuplée d'Europe, rend la surélévation plus complexe par rapport à d'autres villes françaises. La marge de manœuvre pour rehausser des immeubles comptant déjà souvent plus de 3 étages divise les foules. Les responsables municipaux ont donc posé certaines conditions pour encadrer cette pratique. Par exemple, ils ont décidé d'interdire la surélévation dans les rues de moins de 15 mètres de large. Dans les avenues plus larges, la surélévation pourrait aller d'un à deux étages. Les ensembles modernes, tels que les immeubles HLM, pourraient être surélevés jusqu'à trois étages, avec une limite de 31 mètres de hauteur. Cette approche vise à éviter une course au gigantisme et à préserver l'esthétique urbaine de la ville. 
 
D’autres sont totalement opposés à la surélévation à Paris. Ils estiment que cela entraînerait une multiplication de "cubes noirs" et dénoncent un "holocauste des maisons de faubourg". Ils soulignent également que les bâtiments des années 1970 sont souvent énergétiquement inefficaces et préconisent leur démolition plutôt que leur surélévation. En revanche, les défenseurs de la surélévation mettent en avant des avantages tels que l'utilisation de matériaux durables, l'isolation extérieure et la végétalisation des toits, contribuant ainsi à une meilleure performance énergétique. 

 

Source : L’Express / reproduction interdite 

 

haut de la page