Comprendre l'immobilier
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25 sep. 2023
Allemagne : l’immobilier dans la tourmente
Tout comme notre marché hexagonal, le secteur immobilier est plongé dans une profonde crise outre-rhin. Envolée des taux d'intérêt renchérissant le coût du crédit, demande en chute libre, explosion du prix des matériaux... Les faillites d'entreprises ont doublé sur un an dans le secteur de la construction en Allemagne, stoppant net nombre de chantiers.
Un secteur en berne après des années au beau fixe
Le secteur a bénéficié pendant des années des taux d'intérêt bas permis par la généreuse politique monétaire de la Banque Centrale Européenne. La demande était forte, les chantiers dans les grandes villes allemandes se sont multipliés.
Mais depuis quelques mois, en Allemagne aussi, les taux d'intérêt élevés ont rendu les crédits immobiliers plus coûteux, ce qui a découragé les investisseurs. De plus, la BCE a dû augmenter ses taux pour lutter contre l'inflation, ce qui a entraîné une baisse de la demande de crédits et une chute des prix des biens immobiliers. Si cette tendance est observée dans toute l'Europe, l'Allemagne est particulièrement touchée, avec une baisse des prix de l'immobilier de 6,8% au premier trimestre 2023, alors que la zone euro connait une légère hausse de 0,4%.
La construction neuve marque le pas
Parallèlement, les promoteurs immobiliers sont confrontés à une hausse des coûts des matériaux de construction due à la pandémie de coronavirus et à la guerre en Ukraine. Certains gros acteurs du secteur, comme Vonovia, ont gelé la construction de milliers de logements, et de nombreuses sociétés immobilières ont annulé des projets de construction ou font face à des difficultés de financement.
Cette crise immobilière est un défi majeur pour le gouvernement d'Olaf Scholz, qui avait promis de construire 400 000 logements par an, mais qui devrait difficilement atteindre 250 000 cette année, et pourrait même descendre en dessous de 200 000 en 2024. Cette situation est préoccupante, car l'Allemagne a un besoin urgent de logements, notamment en raison de l'arrivée de réfugiés et de travailleurs étrangers.
La crise immobilière risque également d'avoir des conséquences sociales importantes, car la hausse des loyers, due au manque d'offre, affecte le pouvoir d'achat des ménages, déjà impacté par l'inflation élevée en Allemagne. La moitié de la population allemande ne possède pas son logement, ce qui rend la situation encore plus préoccupante.
Pour faire face à cette crise, la ministre du Logement, Klara Geywitz, prévoit d'étendre certains dispositifs d'aide à l'accès à la propriété pour les familles et d'investir un milliard d'euros supplémentaires dans les résidences pour étudiants et apprentis.