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5 déc. 25
« Le logement n’a pas besoin de promesses : il a besoin de courage »
Tribune de Loïc Cantin, Président de la FNAIM
Il y a un moment où un pays doit arrêter de se raconter des histoires. En matière de logement, ce moment est arrivé. Depuis trop longtemps, nous assistons à une succession de diagnostics sans décisions, d’indignations sans solutions, de discours qui masquent mal une réalité que chacun vit au quotidien : la France ne parvient plus à loger les Français.
Dans ce vacarme, certains voudraient faire croire que le problème vient des propriétaires, d’autres qu’il suffit d’un décret ou d’une taxe pour débloquer des années d’immobilisme. Tout cela est faux, terriblement faux. Le logement n’est pas un champ de bataille. C’est un bien vital. Et quand un bien vital se dérègle, il faut du courage, pas des postures.
Le courage, d’abord, de regarder la situation en face : locataires et propriétaires ne sont pas des adversaires. Ils sont les deux faces d’un même besoin, celui d’un toit digne et stable. Le locataire n’est pas un éternel dépendant ; il est un citoyen qui porte souvent sur ses épaules la fragilité économique que notre époque impose. Beaucoup rêvent de devenir propriétaires, non par vanité, mais pour s’extraire d’une incertitude qui dure depuis trop longtemps. Leur rendre cette perspective n’est pas un luxe : c’est un devoir.
Le propriétaire, quant à lui, n’est pas un spéculateur à abattre. C’est celui qui entretient, rénove, loue, prend le risque que l’État refuse d’assumer. À chaque fois qu’on le décourage, c’est un logement qui disparaît. À chaque fois qu’on le stigmatise, c’est un locataire qui en paie le prix. Voilà la vérité que beaucoup s’acharnent à contourner : on ne protège jamais un locataire en affaiblissant un propriétaire. On ne protège pas un propriétaire en oubliant un locataire.
Ce qu’il faut, c’est reconstruire un pacte. Un pacte où le propriétaire retrouve la stabilité qui lui permet d’investir, et où le locataire retrouve l’espoir de franchir, un jour, le seuil de la propriété. Un pacte où l’État accompagne au lieu d’accabler, où les règles cessent de changer au gré des polémiques, où la rénovation ne devient pas une punition mais un mouvement collectif.
Car oui, le marché envoie aujourd’hui un signal que nous n’avions plus vu depuis des années. Les prix se stabilisent, les transactions repartent, les taux se détendent. Le pays tient un moment rare : la possibilité d’un redémarrage. Mais ce moment n’attendra pas. L’histoire est pleine d’occasions manquées ; n’ajoutons pas le logement à la liste.
Il faut du courage pour dire cela.
Le courage d’admettre que l’on ne répare pas un marché en opposant ceux qui le font vivre.
Le courage de reconnaître que le propriétaire n’est pas un coupable commode, et que le locataire n’est pas un pion à déplacer.
Le courage, surtout, de mettre fin au confort des discours pour entrer enfin dans celui des décisions.
Le logement n’a pas besoin d’une énième promesse.
Il n’a pas besoin de slogans ni de symboles.
Il a besoin d’un pays qui se redresse et qui agit.
D’un État qui cesse d’osciller et qui assume.
D’une politique qui rassemble au lieu de diviser.
Il a besoin de courage.
Et le courage, c’est maintenant.

