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21 mai 2025
L’État face à l’impasse de son patrimoine immobilier
L’État français, bien que détenteur d’un patrimoine immobilier colossal valorisé et estimé à 74 milliards d’euros (via 195 745 bâtiments et 31 170 terrains nus), peine à en tirer profit alors que le gouvernement a plus que jamais besoin de ressources financières pour redresser ses comptes !

Cette situation paradoxale est illustrée par le cas emblématique de l’hôtel Mezzara, bâtiment classé monument historique et vide depuis dix ans. Malgré plusieurs tentatives de vente et de location, les contraintes administratives et juridiques ont freiné les projets. Une nouvelle candidature pourrait toutefois relancer le projet, avec une possible transformation du site en musée dédié à l’architecte Hector Guimard. 

Au-delà de ce cas précis, l’État rencontre de nombreuses difficultés à valoriser efficacement ses biens. Les ventes de bâtiments publics sont en net recul, atteignant leur plus bas niveau depuis quinze ans, avec seulement 549 cessions en 2024 (baisse de 15% par rapport à 2023). Les recettes tirées de ces ventes s’effondrent, et les surfaces de bureaux occupées par l’administration continuent paradoxalement d’augmenter, alors que les objectifs fixés visaient une réduction de 25 %. 

Cette contre-performance s’explique en partie par l’essoufflement du marché de l’immobilier de bureaux et par le fait que les biens les plus faciles à vendre ont déjà été cédés. L’État continue certes à vendre, notamment des anciennes cités administratives ou des bâtiments à faible valeur stratégique, mais à un rythme très limité. Une part importante des biens cédés reste dans le giron public, les collectivités locales bénéficiant d’un droit de priorité. 

Face à ces difficultés, l’État cherche à diversifier ses modes de valorisation, notamment en développant la location. En 2024, les loyers perçus ont représenté une part croissante des revenus immobiliers. Toutefois, cette stratégie ne compense pas l’échec de la réforme structurelle prévue pour améliorer la gestion du patrimoine de l’État. 

En novembre 2024, le gouvernement avait tenté de lancer une réforme en créant une entité publique propriétaire des biens de l’État, à laquelle les ministères auraient versé des loyers. Cette mesure devait encourager une meilleure optimisation de l’occupation des locaux. Cependant, le Conseil constitutionnel a censuré l’amendement introduisant cette réforme dans la loi de finances, faute d’étude d’impact, suspendant ainsi tout le projet. 

Depuis, aucune décision n’a été prise pour relancer l’initiative, et la réforme reste en attente. Le député Jean-Paul Mattei, convaincu de la nécessité de séparer les rôles de propriétaire et d’occupant, prépare avec d'autres parlementaires une proposition de loi reprenant l’essentiel de la réforme bloquée. Mais l’avenir de ce projet demeure incertain dans un contexte parlementaire très chargé. 

Ainsi, malgré des efforts pour moderniser la gestion de son immobilier, l’État semble aujourd’hui confronté à un véritable plafond de verre, incapable de franchir une étape décisive vers une meilleure efficacité patrimoniale. 

Source : Le Monde / reproduction interdite 

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