Comprendre l'immobilier
Besoin de connaître l’actualité immobilière ? D’un cours de rattrapage sur la dernière loi en vigueur ? Ou juste curieux sur un sujet précis ?

16 oct. 2025
Budget 2026 : le logement, grand oublié du gouvernement Lecornu ?
Entre recentrage de MaPrimeRénov’, baisse des crédits à l’habitat et suppression du statut du bailleur privé, le projet de loi de finances 2026 inquiète les acteurs du secteur.
Un budget sous le signe de la rigueur
Présenté le 14 octobre en Conseil des ministres, le Projet de loi de finances (PLF) 2026 s’inscrit dans la continuité du plan esquissé par François Bayrou, avec un objectif clair : ramener le déficit public à 4,7 % du PIB.
Mais cette volonté de rigueur se traduit par une forte contraction des moyens consacrés au logement. Les autorisations d’engagement pour le programme « urbanisme, territoires et amélioration de l’habitat » chutent à 1,9 milliard d’euros, soit 750 millions de moins qu’en 2025, tandis que l’aide à l’accès au logement recule à 16,1 Md€.
Seuls quelques postes progressent : la dotation à l’Anru grimpe à 116 M€, et les crédits dédiés à l’hébergement des personnes vulnérables restent stables (3 Md€). En revanche, le Fonds vert, destiné à soutenir la transition écologique dans les territoires, voit ses moyens divisés par deux.
MaPrimeRénov’ recentrée, inquiétude pour la construction
Le gouvernement recentre MaPrimeRénov’ sur les rénovations globales des logements les plus énergivores, tandis que les aides par « gestes » cibleront désormais la décarbonation. Cette évolution s’accompagne d’une plus grande mobilisation des certificats d’économie d’énergie (CEE), sans hausse des budgets de l’Anah.
Le message passe mal auprès du secteur du bâtiment, qui espérait le maintien du prêt à taux zéro (PTZ) et de la réduction de loyer de solidarité (RLS). Malgré un léger rebond des permis de construire (+16,2 % sur un an), les professionnels dénoncent une absence de cap pour la relance de la construction.
Investissement locatif : le coup d’arrêt
Autre signal négatif : le statut du bailleur privé, censé encourager l’investissement locatif, a disparu du texte budgétaire. Ce dispositif, porté par la ministre démissionnaire Valérie Létard, devait permettre aux propriétaires en location nue de bénéficier d’un amortissement fiscal, à l’image du meublé.
Sa suppression constitue un revers pour les investisseurs, déjà découragés par une hausse de 32,9 % de la taxe foncière en dix ans. Les achats réalisés par des bailleurs ont chuté d’un tiers depuis 2022. « Le logement est encore le grand perdant du budget », regrette Henry Buzy-Cazaux, président de l’Institut du Management des Services Immobiliers.
Des collectivités priées de faire plus avec moins
En contrepartie d’un effort de maîtrise de leurs dépenses, le gouvernement promet aux collectivités locales un « grand chantier de simplification normative » et la création d’un Fonds d’investissement pour les territoires (FIT), destiné à regrouper les aides existantes.
Un budget sans cap clair pour le logement
Sans relance de la construction, ni soutien accru à la rénovation, ni incitation à l’investissement locatif, le PLF 2026 confirme le désengagement de l’État vis-à-vis d’un secteur en crise. Le logement, une fois encore, ne semble pas figurer parmi les priorités du gouvernement.