Comprendre l'immobilier
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23 oct. 2025
Primo-accession : une chute historique qui fragilise tout le marché immobilier
Entre hausse des taux, exigences bancaires et prix toujours élevés, devenir propriétaire pour la première fois n’a jamais été aussi difficile. En cinq ans, le nombre de primo-accédants a reculé de plus d’un tiers, un phénomène inédit aux conséquences multiples.
Un effondrement sans précédent
Selon l’Observatoire du financement du logement de l’Institut CSA, le nombre de primo-accédants a chuté de 36,2 % entre 2019 et 2024. Une baisse spectaculaire qui illustre la crise profonde traversée par le marché résidentiel.
Cette dégringolade s’explique avant tout par des conditions d’accès au crédit de plus en plus strictes. La Banque de France impose désormais un apport personnel plus important pour obtenir un prêt immobilier, ce qui exclut de nombreux ménages modestes. La hausse continue des prix de l’immobilier, en particulier dans l’ancien, accentue encore la difficulté à franchir le pas. À cela s’ajoute un contexte économique morose et une instabilité politique persistante, qui n’incitent guère à se lancer dans un projet d’achat à long terme.
Des répercussions en chaîne sur la société
La raréfaction des primo-accédants n’est pas sans conséquence sur la société. De plus en plus de jeunes adultes peinent à quitter le domicile familial, faute de moyens pour acheter ou même louer un logement. Cette situation entraîne un allongement des périodes de cohabitation et retarde l’accès à l’autonomie.
Dans le même temps, les conditions de logement se dégradent pour un nombre croissant de ménages, tandis que la mobilité résidentielle se trouve bloquée. Les parcours de vie et professionnels s’en trouvent ralentis, tout comme la dynamique économique des territoires. Car lorsque les ménages ne peuvent plus acheter, c’est l’ensemble de la chaîne immobilière – de la construction neuve à la rénovation – qui se grippe, avec un impact direct sur l’emploi local et le développement territorial.
Des leviers pour contourner les obstacles
Malgré ces difficultés, certaines solutions permettent encore d’accéder à la propriété. Le Prêt à Taux Zéro (PTZ) reste l’un des dispositifs les plus efficaces. Depuis 2025, il peut financer jusqu’à 50 % du coût du projet, contre 40 % auparavant, et il s’applique désormais à l’ensemble du territoire. Ce coup de pouce de l’État allège significativement le coût total de l’emprunt et redonne une chance aux primo-accédants.
Un défi collectif
La chute de la primo-accession met en lumière un enjeu central : rendre à nouveau possible le rêve de propriété pour les classes moyennes et modestes. Au-delà des chiffres, c’est la question du lien social, de la mobilité et de l’équilibre territorial qui est posée. Sans réponse rapide et coordonnée, le risque est grand de voir se creuser un peu plus la fracture entre ceux qui peuvent devenir propriétaires et ceux qui en sont durablement exclus.