Comprendre l'immobilier
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21 nov. 2025
Étaler son crédit immobilier sur 50 ans : un scénario réaliste pour la France ?
L’idée d’allonger la durée maximale des prêts immobiliers jusqu’à 50 ans a ressurgi aux États-Unis, relançant le débat sur la pertinence de crédits aussi longs. Le président américain Donald Trump a laissé entendre qu’il soutenait cette piste, suscitant un vif intérêt médiatique et politique. L’allongement des emprunts réduirait mécaniquement les mensualités, mais alourdirait fortement le coût total du crédit, surtout dans un contexte de taux élevés.
L’exemple est parlant : pour un prêt de 200 000 euros à 5 %, passer de 25 à 50 ans permettrait de baisser la mensualité d’environ une centaine d’euros et d’augmenter la capacité d’achat. En revanche, le coût total du financement serait multiplié par trois. Aux États-Unis, où les taux dépassent souvent 5 ou 6 %, un tel dispositif ferait peser un risque important sur les ménages.
En France, la situation est différente. Les prêts y sont majoritairement à taux fixe et les taux tournent autour de 3 %. La durée moyenne d’emprunt atteint déjà près de 21 ans, preuve que les ménages, en particulier les jeunes, s’étalent davantage pour rester solvables. Mais même dans ce contexte, les crédits sur 50 ans sont hors de portée.
Depuis 2021, le cadre réglementaire limite strictement les emprunts immobiliers à 25 ans. Une marge de flexibilité existe pour seulement 20 % des dossiers, généralement réservés aux résidences principales et aux primo-accédants, permettant de déroger à certaines règles. Cependant, les banques utilisent presque exclusivement cette dérogation pour dépasser le plafond d’endettement, pas pour prolonger la durée.
Dans les rares cas où les établissements acceptent d’emprunter au-delà, ils ne dépassent quasiment jamais 30 ans, et cela concerne surtout des profils à hauts revenus. Aujourd’hui, seule une banque accepte ponctuellement de proposer des crédits de cette durée.
Certaines situations permettent également d’aller légèrement plus loin, notamment lors d’un achat dans le neuf ou d’une rénovation lourde représentant au moins 10 % de l’opération. La durée maximale peut alors atteindre 27 ans, grâce à un différé d’amortissement lié au calendrier des travaux. Ces montages restent toutefois confidentiels et n’entraînent pas de rallongement significatif.
En résumé, même si le débat américain intrigue, la perspective d’un prêt immobilier sur 50 ans reste très éloignée de la réalité française. Le cadre réglementaire, les politiques de risque des banques et la prudence générale sur la dette immobilière rendent un tel dispositif hautement improbable dans l’immédiat.