Selon Filipa Roseta, ancienne élue en charge du logement à Lisbonne, cette crise est avant tout liée à un retour massif de population. Après des décennies de déclin, la capitale a regagné 30 000 habitants depuis 2021, soit une croissance de 6 % en trois ans, que l’offre de logements ne peut absorber.

 

Contrairement aux idées reçues, Airbnb n’est plus le principal moteur de la hausse. Les autorisations d’hébergement touristique (AL) sont gelées à Lisbonne depuis 2022 et leur nombre recule. Le vrai problème est l’insuffisance de logements face à une demande en forte augmentation.

 

Cette pénurie entraîne un phénomène inquiétant : le retour de bidonvilles en périphérie, où vivraient plus de 3 000 personnes, souvent des travailleurs payés au salaire minimum, incapables de se loger dignement. Les classes moyennes sont elles aussi touchées : loyers et prix d’achat progressent beaucoup plus vite que les salaires, poussant étudiants, jeunes actifs et familles hors du marché.

 

Pour répondre à cette urgence, la ville accélère les constructions : 2 000 logements municipaux sont en cours, 1 000 de plus prévus d’ici 2028, notamment grâce aux fonds européens post-Covid. La mairie travaille aussi à réduire les délais des permis de construire, longtemps l’un des freins majeurs.

 

Enfin, Lisbonne veut rendre attractives de nouvelles zones de la capitale afin d’élargir le foncier disponible. Filipa Roseta rappelle que le problème dépasse Lisbonne : 80 % des Portugais vivent entre Lisbonne et Porto, une concentration extrême qui alourdit la pression immobilière. Un rééquilibrage territorial serait nécessaire pour desserrer l’étau.