Comprendre l'immobilier

Besoin de connaître l’actualité immobilière ? D’un cours de rattrapage sur la dernière loi en vigueur ? Ou juste curieux sur un sujet précis ?

19 mai 2020
Résumé de l'actualité immobilière du 18 mai
1- Marché immobilier : les premiers scénarios pour l'après-confinement 2- L’immobilier de bureau est-il condamné à moyen/long terme ? 3- Crédit immobilier : des taux qui restent attractifs et des banques qui se montrent beaucoup plus sélectives
1- Marché immobilier : les premiers scénarios pour l'après-confinement
La crise sanitaire a stoppé net l'envolée des transactions. Ses répercussions pourraient précipiter le marché dans la récession dès cette année, avec des impacts contrastés selon les territoires. Selon Sébastien de Lafond, président-fondateur de Meilleursagents.com, la tenue du marché de l'immobilier résidentiel post-confinement « dépendra de ses trois moteurs : l'emploi, les crédits et la confiance ».« C'est une évidence : la récession économique va se déverser sur le marché immobilier », affirme Jean-Michel Ciuch, directeur général et fondateur d'Immo G Consulting. Outre des effets à court terme sur l'activité et les prix, la crise pourrait se traduire, sur la durée, par 5 changements majeurs. 
 
 
 
De 25 à 30 % de transactions en moins
 
Le moral des Français sera un facteur déterminant. « L'achat d'un bien, c'est un projet de confiance. Si l'on sort du confinement avec le sentiment que le virus ne va pas bégayer, on peut imaginer un retour, aux alentours du deuxième trimestre 2021, à un volume d'activité équivalent à celui d'avant la crise, anticipe Sébastien de Lafond. En revanche, si survient une deuxième vague avec des confinements par intermittence, le marché sera plus profondément affecté. » Dans le cas d’une reprise « en U », privilégiée par plusieurs experts, le volume de transactions diminuerait de 25 à 30 % en 2020, pour atteindre 700 000 à 850 000, contre 1 076 000 en 2019. Le neuf n'échappera pas à cette tendance. « Au début de la crise de 2008, le volume des ventes avait été divisé par deux », rappelle Jean-Michel Ciuch.
 
 
 
Jusqu'à 20 % de baisse des prix
 
Cette chute des ventes entraînera mécaniquement celle des prix. Selon plusieurs réseaux d’agences, celle-ci pourrait atteindre jusqu'à 5 % d'ici la fin de l'année. Tablant sur un temps d'inertie avant que les vendeurs n'actent la baisse, Jean-Michel Ciuch prévoit une « grande masse déflationniste » dans les 6 à 10 prochains mois. D'ici 2022, maisons et appartements anciens pourraient perdre jusqu'à 20 % de leur valeur. « Au moins un tiers des communes de moins de 150 000 habitants vont être affectées », prévient-il. Les agglomérations de plus de 200 000 habitants devraient mieux résister, même si une dépréciation de 5 à 15 % est à prévoir. Seuls Paris et la première couronne feraient figure d'exception, avec une stagnation des prix pour la capitale et une baisse limitée pour les départements limitrophes.
 
 
 
Des conditions de crédit plus restreintes
 
« Les taux d'intérêt connaissent une hausse par rapport à 2019 et au premier trimestre 2020, mais celle-ci est contrôlée et ne devrait pas se poursuivre. Nous devrions arriver à un niveau de taux stable qui permettra aux emprunteurs de poursuivre leurs projets », estime Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi. Les professionnels de la transaction s'inquiètent, en revanche, du resserrement des conditions d'octroi des crédits. « Il est à craindre que les banques réévaluent les dossiers les moins solides, notamment ceux des primo-accédants », pointent les Notaires de France dans leur dernière note de conjoncture. Jean-Michel Ciuch le confirme : « Aujourd'hui, nous assistons à une réallocation des volumes de prêts bancaires vers les entreprises. Les arbitrages se feront au détriment des ménages les plus fragiles. »
 
 
 
Un exode urbain progressif
 
Selon ce dernier, « le télétravail pourrait réduire de 20 à 30 % en moyenne la surface de bureaux utilisés par les entreprises dans les 6 prochaines années ». Ce bouleversement va redéfinir les zones d’attractivité pour l'immobilier résidentiel. « Cela va jouer en faveur d'une migration vers les périphéries de villes moyennes situées dans un rayon de 100 kilomètres des métropoles », assure l'expert d'Immo G Consulting. Pour Paris par exemple, des aires urbaines comme Orléans, Evreux, Chartres, Amiens, Alençon ou Abbeville pourraient tirer leur épingle du jeu. Jean-Michel Ciuch invite toutefois à ne pas surestimer ce phénomène : « L'exode urbain massif est une vue de l'esprit. Le retour à ces villes moyennes sera marginal et progressif sur les 6 à 10 prochaines années. » Si cette tendance se confirme, la couverture Internet et téléphonique des territoires, indispensable pour envisager le télétravail, sera un enjeu stratégique. 
 
 
 
La pierre, une valeur refuge... à risques
 
Dans une période anxiogène, le logement, par sa fonction de protection physique, motive des décisions d'acquérir, notamment de la part de primo-accédants échaudés par les conditions de leur confinement dans des logements exigus. Un constat qui pousse à anticiper, dans les prochains mois, une hausse de la demande dans des zones l’écart des centres urbains prohibitifs pour ces profils, mais tout de même situées dans l’aire d’influence des métropoles. Cependant, l’hypothèse d’un afflux d’investisseurs particuliers vers l'immobilier reste sujette à caution. « L'incertitude économique ne peut que jouer négativement sur les investissements locatifs. La demande locative va être plus fragile et les investisseurs voudront limiter leurs risques. La défiscalisation, qui était le premier critère pour un investissement locatif, va passer au second plan, détrônée par la solidité financière de l'occupant », souligne Jean-Michel Ciuch.
 
 
 
L'espace, le nouveau luxe
 
« Après une longue période de confinement à domicile, les clients prennent conscience de l'importance de vivre dans un logement de qualité, un refuge quand le monde extérieur est hostile », affirmait Thibault de Saint-Vincent, président du groupe d'immobilier de luxe Barnes, lors d'un webinar organisé en avril. « La présence d'un jardin et d'un bureau pour le télétravail devient essentielle », complète Adam Redolfi, directeur associé de Barnes à Miami. Pour le professionnel, « le nouveau luxe post-Covid-19 sera l'espace » devant le critère de l'emplacement. « La proximité du lieu de travail perdra de sa valeur car le home office va devenir une norme plutôt qu'une étape passagère », prévient-il. Malgré une demande toujours forte pour les biens très haut de gamme, l'immobilier de luxe ne sera pas épargné par la récession. Le président de Barnes anticipe « un trou d'air de 3 à 6 mois avec seulement quelques ventes de nécessité » et « des transactions qui devraient repartir à l'automne avec des prix inférieurs de 5 à 15 % à ceux d'aujourd'hui ».

Source : Le Moniteur

2- L’immobilier de bureau est-il condamné à moyen/long terme ?  


La crise du coronavirus et les mesures de confinement ont contraint des milliers d’entreprises à généraliser le travail à distance. Ce « télétravail forcé » pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’immobilier de bureau. En effet, le travail à distance se démocratise massivement et devrait perdurer après la crise sanitaire. De nombreuses entreprises ont déjà annoncé qu’elles ne reprendraient pas leurs activités à temps plein dans les locaux de l’entreprise. 
 
Le groupe PSA, constructeur automobile français, songe même à faire du télétravail la norme pour ses activités hors production. Des milliers de salariés pourraient ainsi télétravailler à temps complet. Twitter, le réseau social américain, a l’intention de permettre à ses salariés de télétravailler de façon permanente. 
 
«Cettepandémie a prouvé que la technologie permettait le travail à distance. Je pense que la vraie révolution viendra d'un changement d'état d'esprit des dirigeants sur la manière d'envisager la flexibilité », précise à l'AFP Cydney Roach, responsable du cabinet de conseil américain Edelman. 
 
Le télétravail risque de continuer à grande échelle après la crise
 
Selon plusieurs experts internationaux de l’immobilier, près de 90% des entreprises continueront à avoir recours au télétravail une fois la pandémie de covid-19 terminée. 
 
L’immobilier étant l’une des dépenses les plus importantes pour les entreprises, comme le précise Cydney Roach, nombre d’entre elles pourraient être tentées de réduire ce coût budgétaire notamment après la période de crise. 
 
Si les sociétés risquent de réduire la taille de leurs locaux, les tours de bureaux ne vont pas disparaître pour autant. Les entreprises auront toujours besoin d’espace pour organiser des rencontres physiques et garderont des locaux au cœur des métropoles.

Source : BFM Business


3- Crédit immobilier : des taux qui restent attractifs et des banques qui se montrent beaucoup plus sélectives
Le marché immobilier reprenant progressivement, les taux d’intérêt restent attractifs, alors que les banques durcissent leurs conditions d’octroi des prêts. 
 
Concernant les projets immobiliers, il apparaît que la crise sanitaire n’a pas eu comme conséquences le report des projets immobiliers de nombreux acquéreurs potentiels. En outre, le confinement a permis d’affiner les critères des biens convoités tels que la situation géographique, le prix, les extérieurs, ou encore le confort.  Cependant, les conséquences du Covid-19 creusent les inégalités. Ainsi, la peur de la perte d’emploi ou le manque de visibilité entraînent le report et l’annulation des projets immobiliers. 
 
Selon les principaux courtiers en crédit, les banques prennent de plus en plus de nouveaux dossiers de prêts immobilier. Les taux de crédit sont encore attractifs, mais les dossiers font l’objet d’une plus grande sélectivité et les critères d’emprunts se durcissent. 
 
Des taux en hausse mais toujours très bas, une première alerte sur le taux d’usure
 
Selon le dernier Observatoire Crédit Logement CSA, en avril 2020, le taux fixe moyen toutes durées confondues (hors assurance) se situait à 1,17%, soit 5 points de base de plus qu’en décembre 2019 (1,12%). Malgré une légère hausse, les taux d’intérêt restent très bas. 
 
Le taux d’usure, quant à lui, est un indicateur majeur concernant le coût d’un crédit immobilier. Englobant le taux d’intérêt et l’assurance emprunteur, il constitue le taux d’intérêt maximal auquel les banques sont autorisées à prêter de l’argent dans le cadre d’un prêt immobilier. Depuis le 1er avril 2020, le taux fixe d’un crédit immobilier sur minimum 20 ans, est fixé à 2,51%, un pourcentage pénalisant pour de nombreux acquéreurs. 
 
Des dossiers faisant l’objet d’une plus grande sélectivité 
 
Selon Jérôme Robin, fondateur de Vousfinancer : « Les banques anticipent une dégradation de la situation économique dans les mois prochains. Elles nous demandent donc d’être plus vigilants sur la situation professionnelle des emprunteurs, le secteur d’activité dans lequel ils travaillent, le taux d’endettement, la part de l’apport par rapport au montant du bien, la valorisation du bien et l’épargne après projet en cas de coup dur. Elles sont clairement plus prudentes qu’en 2019». Philippe Taboret, DGA de Cafpi, témoigne d’un accroissement qu’il qualifie de « considérable » des refus de financements. 
 
Une situation délicate pour les emprunteurs les plus fragiles tels que les primo-accédants sans apport ou à l’épargne très réduite, les particuliers en situation précaire (travail d’intérim ou bien CDD), les co-emprunteurs sans emplois, les personnes souhaitant souscrire un crédit individuellement mais avec des revenus modestes ou bien les personnes ayant la santé fragile. 
 
Des prêts octroyés difficilement 
 
Selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, le nom de prêts immobiliers octroyés au 1er trimestre 2020 a chuté de 25,5% dans le neuf par rapport à l’année précédente, tandis que la production de crédits à diminué de 12,5% en un an. L’économiste Michel Mouillart estime qu’environ 200 000 ménages pourraient être exclus du marché d’ici 2021 à cause de la crise du Covid-19, et du resserrement du crédit. 
 
Ainsi, il est certes nécessaire de veiller au risque de surendettement, cependant, il est fondamental que cette considération ne freine pas la bonne reprise du marché. En effet, les banques devront ajuster leurs taux et assouplir certains critères pour que les différents marchés puissent réellement redémarrer.  

Source : Le Figaro
haut de la page