Comprendre l'immobilier

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11 avr. 2023
Les difficultés s’amoncellent pour le secteur bancaire
Alors que l’actualité internationale est des plus inquiétantes pour les établissements bancaires, les banques françaises s’inquiètent d’un retournement du marché. Sur fond de remontée des taux, les marges des établissements de crédits restent négatives, et ceux-ci peinent à anticiper les prochains mois.
Une décennie de taux négatifs aurait-elle mal habituée les banquiers ? Depuis juin dernier, et la remontée rapide des taux directeurs de la BCE, les banques peinent à trouver un modèle économique stable. Le crédit immobilier, produit d’appel phare, n’attire plus autant les ménages frappés par l’inflation, et est loin d’être rentable pour le créancier. Selon les chiffres de l’Observatoire Crédit Logement, la production de crédit est inférieure d’un tiers à ce qu’elle était fin 2019, pré-crise sanitaire.  

Pour l’instant, professionnels comme pouvoirs publics relativisent. « Le marché n’est pas à l’arrêt. En termes de dossiers rentrés, nous avons retrouvé en ce début d’année un niveau équivalent à 2018 », souligne par exemple Olivier Gavalda, directeur général délégué de Crédit Agricole SA. Même son de cloche du côté du HCSF, qui évoque une « normalisation ». Reste que, sans un changement de politique monétaire, la tendance est préoccupante.  

En sus, un certain attentisme du marché immobilier n’aide pas les banques à se projeter. « Les vendeurs ne sont pas encore prêts à baisser leurs prix et les acheteurs repoussent leurs projets. Il y a aussi un manque d’offre de logements, et notamment moins de projets de promotion dans le neuf, confronté à l’inflation du prix des matériaux », explique Olivier Gavalda. 

Des solutions imparfaites  

La mensualisation du taux d’usure aide quelque peu, en réouvrant le robinet du crédit, quand les banques avaient plutôt tendance à « temporiser à la fin de chaque trimestre dans l’attente de la mise à jour du taux d’usure plutôt que de prêter à perte », analyse Amine Belaicha, managing director chez Alvarez & Marsal. Mais le problème est plus profond, tant la capacité d’emprunt des Français est entamé par l’inflation et les taux en hausse. « La capacité d’emprunt des ménages a baissé de 15% sur un an », estime ainsi le directeur d’un réseau national.  

Les banques se défendent toutefois de limiter le crédit. « Nous examinons toutes les demandes de crédit faites par nos clients. Parfois, nous sommes amenés à refuser des dossiers car, dans le contexte de remontée des taux, la capacité d’emprunt est trop limitée par rapport aux montants proposés », justifie Frédéric Figer chez SG. Pour lui, « le vrai sujet ce n’est pas la rentabilité du produit, mais l’appétence des clients à emprunter à ce niveau de taux. » Et les derniers observatoires du marché de lui donner raison : seuls 4% des ménages envisageraient un crédit immobilier dans les six prochains mois.  

Parmi les pistes évoquées, notamment par les banquiers : relâcher les contraintes, telle que la norme du HCSF. Et si une crise plus profonde causerait des dégâts importants, elle apporterait également son lot de changements et de transformations des modèles. « Si le marché immobilier venait à connaître un vrai coup d’arrêt, les banques feraient preuve d’innovation financière en développant des solutions comme la prise en charge d’une partie de l’apport personnel en contrepartie d’une partie de la propriété du bien - c’est ce que fait une start-up avec laquelle nous collaborons -, ou bien en mettant en place des financements avec des paliers révisables par exemple », conclut Olivier Gavalda. 

 

Source : L’Agefi / reproduction interdite 

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