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05 mai 2023
Logement : un groupe transpartisan pour lutter contre Airbnb
Face à une crise du logement rampante, les politiques s’emparent de plus en plus du sujet des locations touristiques, accusées de participer à l’envolée des prix et à l’exclusion d’habitants « à l’année » dans certaines zones. Alors que la majorité peaufine une proposition de loi sur le sujet, quatre parlementaires lancent un appel transpartisan pour agir contre les meublés de tourisme.

Julien Bayou, député EELV de Paris, Christophe Plassard, député Horizons de Charente-Maritime, Max Brisson, sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques et Inaki Echaniz, député socialiste du même département, quatre partis politiques différents, mais, en commun, une terre d’élection qui connait une tension excessive sur le logement, notamment due au tourisme. « Nous voulons lutter contre le tsunami de la disparition de logements au profit des locations touristiques, bien plus lucratives, explique le député Julien Bayou. Dans le 3e arrondissement de la capitale, j’ai recensé, hier [le 1er mai] 2 600 offres de locations touristiques et seulement 55 offres de locations classiques. » « Des gens qui travaillent sur l’île d’Oléron ne peuvent plus y vivre. Et le problème, qui concernait le littoral, devient “rétrolittoral”. Cela pose d’énormes problèmes d’attractivité, pour faire venir des médecins, des cadres, des travailleurs du secteur touristique… », abonde Christophe Plassard. Inaki Echaniz enfin, rapporte les mêmes problèmes au Pays basque : « Faute de trouver autre chose, des personnels soignants acceptent des baux mobilité [qui ne peuvent excéder dix mois d’affilée], puis dorment dans leur voiture l’été afin que le propriétaire loue leur logement très cher à des touristes. L’explosion des locations saisonnières crée aussi, par effet domino, des problèmes de mobilité pour ceux qui travaillent à Bayonne et doivent se loger à 1 h 30 de voiture, sans transports en commun. » 

Comment lutter contre ces locations saisonnières ?  

Les parlementaires proposent sept mesures contre « la multiplication démesurée de ces locations touristiques, par l’effet des plates-formes numériques telles qu’Airbnb, Abritel ou Booking ». Parmi celles-ci, la suppression de la niche fiscale pour les meublés touristiques (exception faite des gites ruraux ou encore des résidences dans les stations de ski). Les parlementaires proposent également de réduire à 90 nuitées (contre 120) la durée maximale de location de sa résidence principale, et de l’appliquer aux résidences secondaires. Enfin, les passoires thermiques, déjà interdites de location « classique », pourraient aussi être exclues de la location touristique.  

De quoi abonder une proposition qui devrait être déposée par le député (Renaissance) des Landes Lionel Causse, qui préside le Conseil national de l’habitat, et cosignée par le groupe majoritaire, pour l’instant « prévue à l’ordre du jour de l’Assemblée la semaine du 12 juin ». Un peu moins ambitieuse, cette proposition de loi devra malgré tout être amendée pour espérer rassembler une majorité dans l’hémicycle. « Notre proposition de loi est consensuelle et permet d’avancer sur la question du logement. Et les élus qui viennent de lancer l’appel transpartisan ont toute leur place pour l’enrichir avec nous », relève Lionel Causse. Le député fait partie des parlementaires reçus ce mercredi midi pour un déjeuner de travail avec le ministre du Logement, pour s’assurer du soutien du gouvernement à ce texte.  

 

Source : Le Monde/reproduction interdite  

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