Comprendre l'immobilier

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18 mai 2023
Immobilier : le gouvernement ne semble pas voir la crise
Face à l’inaction du gouvernement, malgré les alertes répétées de l’ensemble des professionnels de l’immobilier, sur les maux qui minent le secteur, les députés tentent de reprendre la main.
Le logement subit une crise de taille, et les élus sont en première ligne face aux demandes des Français sur ce sujet. Tous partis confondus, il tente de faire face, alors que le gouvernement semble peu enclin à agir. La volonté du ministre Oliver Klein d’empêcher les passoires thermiques de trouver « refuge » sur les plateformes de location saisonnière est restée lettre morte, l’échange prévu entre le ministre et la presse ne cesse d’être reporté, le plan Logement qu’il devait présenter en avril a laissé place à la feuille de route de la Première ministre et le report de la restitution du CNR Logement n’envoie pas de signaux engageants. 

Ce sont des députés qui finalement portent une loi sur la location saisonnière et le ministre pourrait devoir rapidement faire face à un afflux de proposition de loi afin de compenser l’inaction gouvernementale. Et les problèmes sont pourtant nombreux. 

Les difficultés d’accès au crédit bloquent les projets d’acquisition 

Sur fond d’inflation, la Banque Centrale Européenne (BCE) a augmenté ses taux de 3,75% depuis juillet 2022. Conséquence : les banques ont répercuté ses hausses sur les taux de crédit immobilier qui sont passés de 1,06% en décembre 2021 à 3,15% en avril selon l’Observatoire Crédit Logement CSA. « La hausse des taux d’intérêt a été le détonateur d’une crise redoutée mais inéluctable, car il était illusoire de penser qu’ils resteraient éternellement à des niveaux exceptionnellement bas », explique Loïc Cantin, président de la Fédération nationale de l’immobilier. 

Ce surcoût réduit drastiquement les possibilités d’emprunter alors que les prix de l’immobilier baissent à peine. Alors que la production de crédit immobilier est en retrait de 40% sur un an d’après la Banque de France, la BCE s’attend à une nouvelle baisse de la demande au deuxième trimestre.  

Un marché locatif en tension 

Ne pouvant devenir propriétaires, les Français restent locataires, le marché de la location subit de fait une forte demande, alors que l’offre recule. Bien’Ici constate ainsi une baisse de 17% de biens à louer au premier trimestre 2023 par rapport à l’an dernier. 
 
Et celle-ci n’est pas près d’être compensée. L’investissement locatif, sous les coups des hausses de taxe foncière, d’interdiction de louer les biens énergivores et avec des rendements faibles, n’attire plus. Ou alors pour la location saisonnière, qui a vu son nombre augmenté, de 18% fin 2021 par rapport à 2020. 

Le logement social ne suit plus 

Faute de place dans le privé, les Français tentent le logement social (70% de la population y est éligible). Avec 100 000 nouvelles demandes sur un an, les listes d’attente s’allongent, alors que la production de logements ralentit. En 2022 plus de 20 000 agréments manquaient à l’appel.  

Mais entre hausse des coûts de construction et baisse des moyens, due à la hausse du livret A, les organismes HLM se retrouvent avec de faibles marges de manœuvre. La profession appelle le gouvernement à soutenir la construction de nouveaux logements sociaux et à mieux contraindre les communes à respecter leur obligation de 20% de ce type de logements sur leur territoire. 

Le mal logement en hausse 

Selon la Fondation Abbé Pierre, 4,1 millions de personnes seraient mal logées et parmi, 330 000 seraient SDF. Les 17 500 expulsions locatives réalisées en 2022 viennent en partie grossir ces chiffres, alors que l’hébergement d’urgence est loin de répondre à cette forte demande. D’autant que les hôtels, souvent proposés comme solution de relogement, reprennent leur activité de base, le tourisme, en prévision des Jeux olympiques. 

Le logement neuf en crise 

Alors qu’ils subissaient une hausse des coûts de construction en raison du conflit ukrainien, les promoteurs immobiliers se sont retrouvés confrontés à la baisse du pouvoir d’achat des acquéreurs. Ainsi les ventes ont reculé de 36,3% en 2022, les maisons de plus de 30%, mettant en danger 100 000 emplois selon la Fédération française du bâtiment. 

C’est un « choc de l’offre » que les promoteurs appellent de leur vœu, alors que les maires, privés de taxe d’habitation, sont de plus en plus réticents à accorder des permis de construire.  

Un appel à l’action 

Dans ces conditions, les professionnels de l’immobilier demandent des actions concrètes, alors que « l’effort public pour le logement n’a jamais été aussi bas : il est passé de 2,2 % du PIB en 2010 à 1,5 % du PIB en 2021 », a alerté Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, et que le logement rapporte 88,3 milliards d’euros, pour 38,2 milliards engagés. De quoi permettre au gouvernement d’agir. 

Source : Le Monde : Reproduction interdite 

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