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24 fév. 20

Comment la Banque de France freine un système vertueux

Par Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi Alors qu’en décembre le rapport du Haut Conseil de Stabilité Financière était suivi de l’annonce de la Banque de France en faveur d’un durcissement des conditions de crédit immobilier, c’est pourtant bien la Banque de France qui a présenté la semaine dernière des données mettant en avant une baisse du surendettement des ménages en France depuis 2011 et d’autant plus soutenue depuis 2015.

Même si Bercy et la Banque de France avaient reconnu que le marché immobilier était sain et le modèle français bon. Au risque de ne pas respecter les recommandations de la Banque de France (telles que le plafonnement de la durée des prêts à 25 ans, le taux d'effort de 33 % et des emprunts correspondant à 7 années de revenus maximum) et d’être sanctionnées, les banques ont choisi de durcir leurs conditions d’emprunt, devenues bloquantes pour certains profils d’emprunteurs.

Lorsque l’on ajoute à ces conditions d’accès au crédit contraignantes, des prix de l’immobilier en hausse et un taux de l’usure trop bas, on assiste depuis quelques mois à une explosion du nombre de refus de financement, passant de 10 à 25% des dossiers présentés.

En France, les banques prennent peu de risques lorsqu’elles prêtent, le taux de défaut étant l’un des plus faibles d’Europe et le surendettement des ménages en baisse depuis 2011 selon les chiffres de la Banque de France. Par ailleurs, les français sont très attachés à la pierre et les banques, qui par leurs taux attractifs, leurs assurances emprunteurs plus avantageuses… attirent les emprunteurs, peuvent par la suite leur proposer les produits-maisons. En témoignent les excellents résultats de certains groupes bancaires en 2019.

Les primodépôts, qui sont les nouveaux cas de surendettement relevés dans l’année étudiée, sont l’indicateur privilégié pour montrer les évolutions et tendances sur de longues périodes. Selon l’analyse de la Banque de France, le nombre de primodépôts était de moins de 100 000 en 2000, puis de 142 000 en 2011. Depuis on observe une baisse chaque année des primodépôts, d’autant plus conséquente depuis 2015, pour atteindre le chiffre de 81 000 en 2019. Soit, une excellente nouvelle concernant la santé des ménages Français, ne rendant en aucun cas nécessaire, l’adoption de contraintes supplémentaires et superflues.

Le marché immobilier est souvent accusé de tous les maux par les instances politiques et gouvernementales, alors qu’un marché immobilier en bonne santé et preuve d’une bonne santé économique du pays.

Il existe des solutions pour permettre aux Français, y compris les plus modestes, d’accéder à la propriété et répondre à l’un des besoins les plus essentiels : se loger. La reprise de la construction de logements neufs en France permettrait un retour à l’équilibre entre l’offre et la demande, avec pour conséquence directe une baisse des prix de l’immobilier. Comme l’a révélé l’étude de la Banque de France, les profils les plus « fragiles » financièrement sont les plus représentés parmi les ménages surendettés : et un retour de l’APL accession permettrait à ces nombreux ménages modestes d’emprunter sans se surendetter. Nous avons d’ailleurs à de nombreuses reprises appelé au retour de cette aide indispensable.

Courtiers en crédits immobilier comme banquiers travaillent déjà à réduire le surendettement des emprunteurs en France. A force de s’alarmer et dire que l’immobilier pourrait devenir un problème, il pourrait finir par en devenir un.